
Ces dernières années, l’Union européenne a intensifié la lutte pour protéger ses frontières du terrorisme et d’autres risques de sécurité, en adoptant des mesures faisant appel aux technologies de l’IA, telles que l’exemption de visa ETIAS pour les pays membres de l’espace Schengen. Désormais, pour poursuivre les avancées réalisées, l’UE met en place des détecteurs de mensonges reposant sur l’intelligence artificielle appelés iBorderCtrl.
Cette technologie a déjà été installée dans les aéroports frontaliers de l’UE en Grèce, en Hongrie et en Lettonie. Même si la technologie n’a pas encore été déployée à grande échelle, plusieurs autres États membres pourraient bientôt adopter le détecteur de mensonges de l’UE dans leurs aéroports.
Sur cette page, les voyageurs peuvent découvrir comment fonctionnent les nouveaux détecteurs de mensonges IA de l’UE et déterminer s’ils sont dignes de confiance. Vous pouvez également vous renseigner sur les diverses autres technologies de l’IA utilisées pour renforcer la sécurité et les frontières de l’Europe.
Comment fonctionneront les détecteurs de mensonges IA ?
Les voyageurs arrivant de l’extérieur de l’Union européenne dans un aéroport frontalier de l’UE devront bientôt passer par les détecteurs de mensonges IA avant d’être admis dans leur pays de destination. La technologie consiste en un écran sur lequel apparaîtra un agent frontalier simulé par ordinateur, correspondant au genre, à l’origine ethnique et à la langue du voyageur.
L’agent automatisé posera une série de questions de sécurité, auxquelles le voyageur devra répondre en s’adressant directement à une caméra qui analyse les expressions faciales. Après avoir répondu aux questions, dont certaines sur le contenu de leurs bagages, la machine déterminera ensuite si celui-ci ment ou non.
Les voyageurs non européens devront également scanner des copies de leur passeport, de leur visa et de leur preuve de fonds. Ils seront également présélectionnés et identifiés comme présentant un risque faible ou élevé avant d’être soumis au détecteur de mensonges aux frontières de l’UE. Les visiteurs présentant un risque élevé feront l’objet d’un contrôle plus approfondi.
Les agents frontaliers humains resteront présents aux côtés des détecteurs de mensonges IA, utilisant des appareils portables pour vérifier les renseignements et comparer le passeport et toute photo antérieure avec celles prises par la technologie du détecteur de mensonges aux frontières de l’UE.
Peut-on faire confiance aux détecteurs de mensonges aux frontières de l’UE ?
La détection de mensonges est très utilisée par les forces de l’ordre aux États-Unis, malgré des doutes quant à sa fiabilité. Par exemple, les tests polygraphiques ne sont pas admissibles comme preuves judiciaires dans la grande majorité des juridictions, car le stress du sujet peut grandement affecter le résultat.
La nouvelle technologie de détection de mensonges grâce à l’IA est considérée comme bien plus fiable qu’un test polygraphique. Les autorités européennes estiment que les machines ont un taux de précision d’environ 76 %, et espèrent atteindre environ 85 %.
Toutefois, l’annonce du système de surveillance a déjà suscité sa part de critiques. Certains experts ont qualifié la nouvelle technologie européenne de détecteur de mensonges IA de pseudoscience et beaucoup pensent que le système pourrait aboutir à des résultats injustes.
Bruno Verschuere, professeur émérite en psychologie légale à l’université d’Amsterdam, a publiquement exprimé des doutes sur la crédibilité scientifique des machines. Il a affirmé que l’hypothèse selon laquelle les menteurs deviennent nerveux est largement infondée, et que les micro-expressions ou l’agitation ne sont pas toujours des signes évidents.
Néanmoins, les développeurs de la technologie ont défendu sa crédibilité, affirmant que le processus est légitime car divers autres facteurs viennent compléter l’analyse du voyageur. Par conséquent, les personnes arrivant en Europe avec l’ETIAS, une fois le système mis en œuvre, auront sans doute l’occasion de faire l’expérience des détecteurs de mensonges aux frontières de l’UE.
Attitude de l’UE à l’égard de l’utilisation de l’IA pour renforcer la sécurité
L’Union européenne a adopté une attitude avant-gardiste à l’égard de la technologie de l’IA en 2007, lorsque le Conseil de l’UE a demandé que l’IA soit reconnue comme une tendance émergente.
Toutefois, les autorités européennes souhaitent également s’assurer que la technologie serait tenue de respecter « des niveaux élevés de protection des données, de droits numériques et de normes éthiques ».
Depuis lors, une approche de la réglementation de l’IA en Europe s’est progressivement développée, aboutissant à une proposition de règles harmonisées concernant l’utilisation de l’IA en avril 2021.
Ces dernières années, la Commission européenne a soutenu les efforts d’eu-LISA (l’Agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle dans l’espace de liberté, de sécurité et de justice) et d’Eurojust pour se préparer à la coopération judiciaire numérique.
Parmi les solutions basées sur l’IA figurent les détecteurs de mensonges aux frontières de l’UE, ainsi que d’autres mesures récemment élaborées.
Autres systèmes technologiques basés sur l’IA utilisés par l’UE
Le Parlement européen soutient les efforts visant à utiliser au mieux les technologies émergentes pour renforcer les frontières extérieures de l’UE.
Bien que la technologie des détecteurs de mensonges ne soit actuellement utilisée que dans certains aéroports, l’UE a désormais adopté des systèmes de reconnaissance faciale par IA dans la plupart de ses bases de données centralisées.
Ces systèmes permettent aux agents frontaliers de comparer l’image faciale d’un voyageur prise à la frontière avec une image déjà stockée dans une base de données. Ainsi, ils peuvent confirmer l’identité du voyageur.
Cette technologie s’applique notamment au Système d’information Schengen (SIS), qui permet aux agents de vérifier si un voyageur est considéré comme une menace pour la sécurité. Si tel est le cas, ils recevront une alerte, qui comprendra dans de nombreux cas une image faciale.
Plusieurs agences de l’UE mettent également au point des outils d’IA pour prédire les flux migratoires. L’Agence européenne pour l’asile utilise un système d’IA qui analyse les données sur les conflits et les événements perturbateurs dans le monde pour prédire les tendances migratoires.
À l’aide de ces données, l’Agence de l’Union européenne pour l’asile est en mesure de prédire si les arrivées de ressortissants de pays tiers sont susceptibles d’exercer une pression particulière sur les autorités nationales d’asile et d’accueil.
La technologie fondée sur l’IA est également utilisée pour aider à découvrir l’usurpation d’identité, qui devient de plus en plus difficile à détecter. Elle peut également être utile pour faciliter l’identification de personnes disparues ou enlevées.
Protection des droits fondamentaux dans le cadre de l’utilisation de l’IA par l’UE
Le Parlement européen fait de plus en plus appel à la technologie IA dans ses mesures de protection des frontières. Toutefois, il veille à mettre en place des garanties appropriées pour protéger les droits fondamentaux.
Ceux-ci incluent le droit à la vie privée et à la non-discrimination. Plus particulièrement, bien que les systèmes de reconnaissance faciale n’aient pas pour but de classer les personnes en fonction de leur origine ethnique, des craintes ont été exprimées face à possible profilage ethnique.
En outre, comme la plupart des systèmes d’IA sont basés sur des collections de données non diversifiées, la précision de la lecture peut varier en fonction de l’ethnicité d’une personne. Cette faille est particulièrement flagrante dans l’utilisation de systèmes de détection des émotions tels que le détecteur de mensonges IA.
Les avis restent partagés sur la question de savoir si ces systèmes peuvent identifier avec précision les expressions faciales, en particulier dans les cultures non dominantes et dans certains contextes. Et un plus grand doute subsiste quant à leur capacité à faire correspondre les expressions associées à des émotions spécifiques.
Pour cette raison, l’UE s’abstient de déployer à grande échelle des technologies telles que les détecteurs de visage jusqu’à ce qu’elle puisse être sûre que la technologie possède un taux de précision élevé.
L’ETIAS pour renforcer les frontières de l’UE
Outre l’introduction du détecteur de mensonges aux frontières de l’UE et d’autres systèmes d’intelligence artificielle visant à améliorer la sécurité en Europe, le Parlement européen a approuvé une motion visant à mettre en œuvre un système d’autorisation de voyage pour les États membres de l’espace Schengen.
À l’instar du système ESTA aux États-Unis, l’ETIAS (Système européen d’autorisation et d’information concernant les voyages) contrôlera les visiteurs étrangers avant leur arrivée en Europe, ce qui permettra d’identifier toute menace pour la sécurité publique.
L’exemption de visa pour les pays ETIAS devrait entrer en vigueur d’ici à 2026. À partir de cette date, les citoyens de plus de 50 pays éligibles devront remplir en ligne le formulaire de demande ETIAS, simple et rapide, avant tout voyage touristique ou d’affaires dans l’espace Schengen.
L’ETIAS pour l’Europe est une exemption de visa à entrées multiples valable 3 ans ou jusqu’à l’expiration du passeport correspondant. Il permet à son titulaire de faire plusieurs séjours de 90 jours sur une période de 180 jours dans n’importe quel pays de l’espace Schengen, les déplacements libres entre les États membres étant également autorisés.
Les exigences ETIAS impliquent d’avoir un passeport éligible valable au moins 3 mois à compter de la sortie de l’espace Schengen, ainsi qu’une carte de débit ou de crédit valide pour payer les frais de demande ETIAS et une adresse courriel valide pour recevoir l’exemption de visa approuvée.
Le traitement de l’ETIAS est relativement rapide, avec un délai d’approbation moyen de 24 à 48 heures. Une fois approuvé, l’ETIAS est électroniquement lié au passeport du demandeur, que les agents frontaliers de l’UE pourront consulter sur leurs systèmes. En fonction de l’aéroport de leur arrivée, les voyageurs munis de l’ETIAS devront également passer par les détecteurs de mensonges AI aux frontières de l’UE.